EDITO Depuis 2007, Cinémémoire développe les “Mémoires Partagées”, qui consistent à ramener dans les anciennes colonies françaises la mémoire cinématographique collectée auprès des cinéastes amateurs, en travaillant en collaboration avec des historiens, des chercheurs, des artistes, des conservateurs et des diffuseurs, autour de la mémoire audiovisuelle et de l’histoire coloniale. L’Archive en question est le résultat des échanges avec les cinémathèques de l’autre rive de la Méditerranée : l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Cette année nous proposons une carte blanche à la Cinémathèque Algérienne. Nous invitons aussi la cinémathèque de Marseille et la cinémathèque Robert Lynen à montrer des films rares ou inédits issus de leurs collections. Cinémémoire propose des projections vidéos à la carte de films amateurs sélectionnés dans son fonds de films sur l’Algérie. Il sera question des enjeux de la conservation, de l’utilisation de films d’archives en histoire, dans la création d’oeuvres contemporaines, voire de la fabrication d’archives du futur avec les Ateliers Cinématographiques Film Flamme: Archives en construction. A cette occasion, des amateurs, des chercheurs et des professionnels de l’image algériens et français se rencontrent autour de films du patrimoine. Ces programmations suivies de débats dédiés à l’Algérie et aux rapports franco-algériens explorent nos mémoires collectives. Elles démontent les processus de création de l’histoire nationale, bousculent l’émergence des préjugés et culbutent les stéréotypes propres à un groupe, ethnique, communautaire ou sexuel. Le partage des archives contribue ainsi à la création d’un récit multiple et contradictoire. Le 28 octobre nous célèbrons la journée mondiale des archives audiovisuelles proposée par l’Unesco. Nous montrons “D’ailleurs Derrida” de Safaa Fathy. Nous commençons à questionner l’archive avec cette proposition de définition de l’archive inspirée de Derrida : archée, un arc tendu, prêt à être, le principe du commandement dans un lieu, captatio benevolentiae, héritage et pulsion de destruction. Germaine Tillion dans “Les ennemis complémentaires” pointait le fait que ”Pour chaque être humain, la conception qu’il se fait des rapports à la fois réels et idéaux qui l’unissent ou l’opposent au reste des hommes est l’assise profonde de la personnalité.” Claude Bossion, directeur de Cinémémoire PROGRAMME DÉTAILLÉ >> |